Avant le travail, c’était métro (ou auto)/boulot/dodo. Aujourd’hui, c’est un univers flou avec des pratiques de plus en plus fluides. Car le monde professionnel est en train de connaître des bouleversements sans précédents… Et si c’était l’occasion de remettre à plat les inégalités hommes/femmes pour aboutir (enfin) à une vraie parité ? C’est ce que souhaite l’entrepreneure et activiste américaine Georgene Huang dans les colonnes du site Fast Company.
OK, on en est encore loin… Pour plein de raisons, les inégalités hommes/femmes ne restent pas limitées aux bureaux et sont reproduites, voire accentuées, dans le cadre du télétravail. Un exemple : les femmes avaient déjà du mal à faire entendre leur voix en réunion ? Sur Zoom, c’est encore pire, comme l’a constaté le New York Times, replaçant au passage une étude de McKinsey portant sur 329 entreprises et plus de 68000 employés révélant que la moitié des femmes interrogées se font régulièrement couper la parole et que 38% se sont fait piquer une idée par un autre – qui en tire le crédit. Seule bonne nouvelle : alors que l’écart de salaire hommes/femmes est en moyenne de 20 à 25% dans la « vraie » vie, le télétravail le réduit à seulement 3%.
Mais l’injustice continue au delà de l’espace de travail car la pandémie et ses conséquences économiques vont davantage impacter les femmes que les hommes (le World Economic Forum explique tout ça ici). Aux Etats-Unis, par exemple, les femmes sont déjà les plus concernées par la hausse du chômage inédite causée par le confinement et 14% des américaines envisagent même d’arrêter de travailler pour faire face aux nouvelles contraintes familiales nées de la pandémie… la “charge mentale” qui pèse sur leurs épaules s’est encore accentuée.
Tout ça n’est pas très réjouissant et, si on n’y prend pas garde, le “back-to-normal” pourrait se faire au détriment des femmes. Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras – au contraire ! En fait, d’après Georgene Huang, c’est même le moment idéal pour redoubler d’efforts pour faire changer les choses. Son raisonnement est simple : puisque les entreprises sont obligées de revoir leurs organisations, autant en profiter pour améliorer ce qui doit l’être.
Les chamboulements induits par le développement du télétravail et les nouvelles règles d’organisation des bureaux sont donc une bonne raison de repenser les choses, de fond en comble. Pas seulement en permettant aux employé(e)s d’avoir des horaires de travail plus flexibles, mais en réfléchissant aussi aux méthodes de recrutement, à la mesure de la performance individuelle ou au dress-code… afin d’en corriger les biais qui pénalisent les femmes (mais pas seulement).
Parmi les (nombreux) arguments en faveur de la parité, figure notamment le fait que les entreprises les plus diverses et inclusives dans leurs recrutements sont aussi celles qui ont le mieux résisté (et même prospéré) pendant la dernière crise, celle de 2008, d’après des chiffres compilés par “Great Place To Work”.
“Cette crise est en train d’avoir des conséquences incroyables sur l’économie, sur l’emploi et sur la vie de chacun, mais elle offre également aux dirigeants la possibilité d’agir et de créer quelque chose de nouveau, quelque chose dont ils peuvent être fiers” conclut Georgene Huang.