Sérendipi-quoi ? Commençons par poser les bases. La sérendipité, ou serendipity en Anglais, c’est une sorte de hasard heureux, l’art de tomber, sans s’y attendre, sur quelque chose dont on ignorait avoir besoin. Les aficionados de comédies romantiques se souviendront d’Un amour à New York, originellement titré Serendipity, où Kate Beckinsale et John Cusack vivent le coup de foudre du siècle devant un étalage de gants en cachemire, avant de se perdre de vue… puis de se retrouver des années plus tard, grâce à divers accidents de parcours (on vous recommande d’ailleurs vivement de l’intégrer à votre liste de films guimauve de Noël, si ce n’est pas déjà fait).
Dans son livre The Serendipity Mindset, The Art and Science of Creating Good Luck, le chercheur Christian Busch, récemment interviewé par le Guardian, est formel : l’inattendu est un facteur critique de réussite. On peut trouver l’amour au détour d’une erreur d’adresse ou d’un café renversé sur le jean de son voisin, changer de carrière après une rencontre fortuite, ou découvrir l’Amérique alors qu’on cherchait les Indes (coucou Christophe Colomb).
Et si le principe même peut laisser sceptique à l’heure du tout planifié, force est de constater que l’histoire justifie de capitaliser sur l’imprévu. Si Alexander Fleming n’avait pas accidentellement laissé contaminer l’une de ses boîtes de Pétri, nous n’aurions peut-être jamais eu d’antibiotiques. Idem pour la découverte des rayons X, pour la création du Velcro, du caoutchouc, des Post-it… et même du Viagra, tous nés des suites d’accidents heureux.
Mais Christian Busch prévient, il ne s’agit pas seulement de se trouver au bon endroit au bon moment et d’attendre passivement d’être frappé par la chance. « Cultiver la sérendipité, c’est avant tout regarder le monde les yeux grands ouverts, et voir des opportunités que les autres ne voient pas. » Autrement dit, s’autoriser à lâcher prise, et faire confiance à son inconscient pour opérer des connexions inédites. Selon Sylvie Catellin, autrice de l’essai Sérendipité: du conte au concept, la flânerie permet d’ailleurs à notre esprit de travailler d’une manière autrement productive, ouvrant des pistes de réflexion que le total contrôle ne permet pas. Pour une fois qu’on a le droit de se laisser aller…