Qu’est-ce que la sylvothérapie ? Souvent réduit à du simple câlinage d’arbres au milieu de la forêt, cette pratique venue du Japon mérite un peu plus de considération.
Ni ésotérique, ni magique, le bain de forêt, nommée shinrin-yoku au Japon, a même les racines bien ancrées dans la terre et vous invite à faire de même. En effet, l’objectif de cette pratique est clair. Il s’agit de nous (hyper) connecter avec la nature par le biais d’une marche dans la forêt en pleine conscience. Chaque balade est alors l’occasion de porter son attention sur les arbres, les chemins empruntés, les sensations en usant de ses cinq sens à fond. Voyons voir. Quelle est la dernière fois où vous avez vraiment regardé un paysage, écouté un oiseau chanter, respiré l’odeur d’une fleur, caressé un tronc d’arbre ou croqué dans un fruit ?
Ça paraît perché mais c’est prouvé : s’acoquiner à la nature permet de se reconnecter à soi-même, de se libérer du stress et de renforcer son système immunitaire – comme l’explique le professeur Qing Li, fondateur de la société japonaise de sylvothérapie et médecin immunologiste à l’université de médecine de Tokyo, ici. Comment ? Pour lui, cela tient en grande partie de l’odorat : « En forêt, l’atmosphère est riche en terpènes ou en phytoncides, des essences odorantes produites par les arbres. On sait aujourd’hui qu’en les inhalant, on accélère l’activité des lymphocytes (des globules blancs qui jouent un rôle important dans le système immunitaire) ou la sécrétion de la sérotonine, l’hormone du bonheur. Ce sont également ces molécules odorantes qui apaiseraient nos humeurs et favoriseraient notre système immunitaire». Bingo.
Un bain de verdure et adieu donc inquiétude, états dépressifs, fatigue, colère, confusion, et bonjour énergie et vigueur ? Et oui ! Dans Le Monde, Héctor Garcia et Francesc Miralles, auteurs du livre Les Pouvoirs guérisseurs de la forêt, conseillent impérativement pour optimiser son bain de forêt, « d’y entrer présent avec tous ses sens». Traduction, sans téléphone ni joujous, l’esprit libre d’attentes. Quand on sait que deux heures de marche dans un bois auraient des effets positifs pour environ une semaine, on se dit que ça vaut la peine d’essayer… Et pas besoin d’enlacer les arbres si vous n’en ressentez pas l’envie. Ceux-ci ont une action positive même sans contact, et cela de manière différente en fonction de leurs espèces.
Ok, tout ça est super pour ceux qui ont une forêt pas loin. Mais les autres, les citadins qui en ont probablement le plus besoin ? Direction le parc !
Voici les conseils en 8 points du Dr Li prodigués sur Treehunger pour adapter la pratique à la ville.
- Laissez de côté votre téléphone, votre appareil photo, ou toute autre objet de distraction.
- Abandonnez vos attentes.
- Ralentissez, oubliez le temps.
- Ancrez-vous dans le moment présent.
- Trouvez un endroit où vous asseoir : sur l’herbe, au pied d’un arbre, sur un banc.
- Observez ce que vous pouvez voir et entendre.
- Observez vos ressentis.
- Restez là deux heures si possible (même si les effets apparaissent dès les premières 20 minutes).
Si vous n’avez pas de parc non plus, pratiquez le shinrin-yoku à petite échelle, en installant une plante chez vous à admirer, en écoutant une bande audio avec les bruits de la forêt ou simplement en regardant un arbre dans la rue assis sur un banc. Ca marche aussi.
Pour aller plus loin :
– Offrez-vous une séance sylvique de 2H30 ou d’une journée avec Thierry Beaufort au cœur de la Forêt de Fontainebleau.
– Partez à la découverte des arbres qui peuplent la forêt de Bondy avec l’artiste-paysagiste Emmanuelle Bouffée.