Les plateformes digitales et la technologie l’avaient créée, la crise du Covid-19 l’a faite exploser : la Passion Economy. Partout on voit apparaître des cours online dont les profs sont des gens passionnés qui enseignent depuis leur chambre (les cours de Kundalini de Lili Barbery Coulon, les cours de pilate de Julie Pujols), des masques de protections cousus mains par des amateurs éclairés, des services innovants créés « à hauteur d’homme » (le pain de Flying Circus Bakery livré chaque matin par le fondateur lui-même)…
La Passion Economy, définie par un article de Medium, c’est le fait qu’aujourd’hui toutes et tous puissions tirer avantage des plateformes digitales pour gagner notre vie avec notre talent unique. Ce n’est pas entièrement nouveau puisque depuis 2017, les plateformes type Etsy, YouTube, Instagram ou Twitch ont permis à 17 millions d’Américains de générer 7 milliards de revenus – mais depuis la crise sanitaire mondiale, ce modèle a explosé et devient réellement viable.
Les frontières entre vie privée et professionnelle étant devenues floues, on voit apparaître les « prosumers » tels qu’identifiés par l’analyste Ji Lin. Pour elle, « les consommateurs d’aujourd’hui aspirent à devenir les business de demain » et, grâce à leur accès à la technologie, cette tendance s’accélère par une démocratisation généralisée de la création. Peu importe votre background ou votre couleur, il n’y a plus d’activité trop niche, ni de dress code. Adieu les élites, désormais chacun peut générer des revenus avec ses compétences propres et son expertise personnelle – ce qu’on appelle la « passion ». C’est l’avènement de la Passion Economy, une économie horizontale inédite qui nous ramène vers l’Age de l’Amateur, concept récemment développé par la Pythie du trend spotting, Li Edelkoort.
Loin de la Gig Economy, chère à Uber et Deliveroo, qui aurait tendance à écraser l’individualité, la Passion Economy capitalise au contraire sur la créativité individuelle. Les leviers de créations de valeurs sont très différents pour les créateurs de la Passion Economy : ils n’ont pas à pédaler plus vite ou à livrer toujours plus, ils doivent seulement se concentrer sur l’engagement de leur communauté et sur la qualité/l’enrichissement de leur contenu. La valeur ajoutée de ce modèle, c’est que ses acteurs sont des consommateurs qui sont devenus entrepreneurs par la force des choses, des innovateurs passionnés qui font bouger les lignes, des créatifs qui refont surface à la faveur de ce changement de paradigme économique…
Ils peuvent désormais facilement acquérir une audience et transformer leur passion en gagne-pain, que ce soit jouer au jeu vidéo ou enseigner le breathwork – ce qui force notre société à redéfinir ce que nous appelions jusqu’à présent « travail » . Pendant le confinement, des cours de yoga sur Zoom réunissant plus de 100 participants ont permis à des profs de mieux gagner leur vie qu’en « vrai », moyennant pourtant des petites participations financières (en moyenne, 10 € par personne, soit moins cher qu’un cours physique). Mais globalement, la Passion Economy table aussi sur l’envie des consommateurs de toujours plus de qualité et d’une expertise qui se paye – au prix juste.
Vous savez faire le poirier ? Vous avez un talent pour la flûte à bec ? Vous aussi, vous voulez vous lancer ? Voici les grandes lignes de la mise en place de cette Passion Economy.
Étape 1 : l’engagement sur les plateformes digitales
C’est devenu une réalité pour nous tous, dans notre vie aU quotidien. Nous avons tiré quelques leçons de ce confinement – notamment qu’on peut être aussi productif chez soi qu’au bureau, que le futur du monde du travail est totalement asynchrone et que la technologie peut vraiment nous aider à réaliser concrètement nos visions.
Étape 2 : l’incitation pour les créatifs à passer online
Désormais, pas mal de télétravailleurs se posent les questions suivantes « Le télétravail n’est-il pas mI eux adapté à ma vie ? Ce job est-il vraiment fait pour moi ? Puis-je vivre de ma passion ? Si je perds ce job, qu’est-ce que je sais faire d’autre ? »… Cette étape, c’est donc le petit coup d’éperon nécessaire pour opérer le shift vers l’online avec l’idée de tirer des revenus du partage de sa passion ou de son savoir.
Étape 3 : les moyens technologiques pour un business digital
Certaines plateformes (ci-dessous) offrent des solutions clés en main de back-office, d’outils, etc. Mais ne négligez pas les business où l’on a affaire à des clients en face à face puisqu’ils sont amenés à ré-exister un jour, Dieu merci. Il est d’ailleurs probable que les meilleurs compagnies de la Passion Economy soient celles qui fourniront à la fois des services face au client et tout en étant centrées sur leur créateur.
Étape 4 : la monétisation
Parfois cette étape n’arrive jamais – ou n’est même pas désirée. Ca peut être des rémunérations qui augmentent en fonction de l’audience (SaaS fees) ou bien des plateformes d’hébergement qui rémunèrent les créateurs d’entreprise sur leurs performances et les aident à grossir en conséquence (complètement à l’inverse de la Gig Economy donc).
Alors you do you – plus que jamais.
NB : A titre d’exemple, on peut se tourner vers les podcasts qui illustrent plutôt bien le concept de la Passion Economy, soit une audience plus petite, un côté fait-main et indépendant, mais un engagement plus fort et la possibilité de monétiser tout en restant sincère. Pour info, les podcasts sur lesquels on ne pariait pas grand-chose il y a 15 ans sont désormais 850 000 dans le monde (avec 30 millions d’épisodes), représenteront bientôt 20% de la consommation sur Spotify et certains, comme Tim Ferris qui gagne 4 millions de dollars par an avec son émission, en vivent très bien, merci.