Photo Patrick Semansky. AP
Elle a ébloui l’investiture de Joe Biden de son manteau de lumière et de ses vers forts et apaisants. On veut bien sûr parler d’Amanda Gorman, la poétesse de 22 ans qui a rendu son honneur à la parole publique, après que Trump l’ait souillée pendant 4 ans. Car si aux US la poésie contemporaine n’a jamais tout à fait perdu son aura, en France elle continue à être mise sous le boisseau alors qu’une jeune génération d’auteur.e.s pointe le bout de sa plume. On met un peu de poésie dans votre lundi (c’était pas gagné d’avance).
Amanda Gorman, présidente !
- Elle a montré la voie de la réconciliation à l’Amérique avec son poème The Hill We Climb, en référence à la colline de difficultés que son pays va devoir gravir pour retrouver « la lumière dans cette ombre sans fin ». La voix sûre et le sourire communicatif, cette «fille noire maigre, descendante d’esclaves, élevée par une mère célibataire», née à Los Angeles en 1998, a remis du baume au cœur d’un pays déchiré.
- C’est l’épouse du nouveau POTUS, Jill Biden (prof d’anglais) qui l’a propulsée face aux micros du monde entier le 20 janvier dernier. Elle était très à son aise et on comprend pourquoi : élue meilleure jeune poète de son pays en 2017, elle avait déjà lu ses textes pour Al Gore ou Hillary Clinton ; elle a même déclaré au New York Times vouloir devenir présidente des Etats-Unis en 2036 ! Go Amanda, go !
- La poésie reste visible aux US comme le rappelle Libé : les journaux en publient (ok, Libé aussi), les télés invitent des auteur.e.s, les marques en commandent : c’est le cas de Nike qui s’est payé un poème d’Amanda Gorman en hommage aux athlètes noirs, publié par la poétesse sur ses réseaux. La poésie.
@Nike asked me to write this #BHM Manifesto in celebration of Black athletes everywhere. Thank you, Black Olympians in 1936 Berlin & Black athletes who are taking a knee today. This is not #BlackHistoryMonth. It’s a black history movement. Watch Us Rise. #UntilWeAllWin #nike pic.twitter.com/RDJiPr6uhL
— Amanda Gorman (@TheAmandaGorman) February 4, 2020
- Vous imaginez Cécile Coulon (on vous la présente plus bas) dire un poème pour l’investiture d’Emmanuel Macron ? Bof. Mais aux US c’est monnaie courante: en 1961, Robert Frost avait lu un poème pour JFK ; en 1993 Maya Angelou a fait de même pour Bill Clinton, puis Miller Williams pour le second mandat de BC en 1997. Sous Obama, c’est Elizabeth Alexander et Richard Blanco qui s’y étaient collés. Au pays de Baudelaire et de Rimbaud, il serait temps d’établir cette tradition, non ?
Des poétesses à suivre
Les poèmes 2.0 circulent souvent sur les réseaux sociaux qui s’adaptent bien à ces publications brèves et volatiles. Pour en attraper quelques-unes au vol, voici notre liste de plumes à suivre :
- Rupi Kaur. Ecrivaine et féministe canadienne née en Inde, elle s’est fait connaître en tant qu’Instapoet. Plus de 4 millions de followers et des petits poèmes engagés qui touchent juste.
- Cécile Coulon. Depuis son Clermont-Ferrand adoré, la romancière millennial amatrice de Saint-Nectaire et de running fait aussi des poèmes. Et ses sont antennes toujours dressées dans les grands vents de la vie moderne.
- Rim Battal. Artiste et poète née à Casablanca, elle vit et travaille à Paris depuis 2013 et parle de sentiments déconstruits et de corps politiques dans sa poésie douce-amère.
- Najwa Zebian. Canadienne d’origine libanaise suivie par 1 millions d’Igers, elle propose dans sa bio de nous « apprendre à construire un foyer pour notre âme ». De la maçonnerie spirituelle en somme.
- Orion Carloto. Poétesse et youtubeuse, ses textes fulgurants parlent de love qui finit mal… entre deux shootings pour Cartier.
- Louise Glück. Une star : auréolée du prix Nobel en 2020, l’Américaine avait déjà obtenu le prix Pulitzer de poésie en 1993. Tous les lauriers sont sur elle.
- Et en librairie, il y a aussi les recueils de Nathalie Quintane, Tania Tchénio et Valérie Rouzeau…