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Faire bon usage de la Cancel Culture

Il aura suffi d’un hashtag. Balancé sur Twitter après que l’écrivaine J.K. Rowling ait émis dans un post un propos jugé transphobe, #JKRowlingiscancelled rassemble aujourd’hui des milliers de messages de haine et d’indignation qui exigent, ni plus ni moins, l’annulation de l’écrivaine. Annuler un être humain ? C’est possible ça ?

Bienvenue dans l’ère de la Cancel Culture, cette tendance venue des USA à boycotter, souvent via une dénonciation de masse sur les réseaux sociaux, une personne dont les actes ou propos sont jugés problématiques. C’est ce qu’il s’est passé lorsque Kanye West a parlé de l’esclavage comme d’un choix, que Lana Del Rey a été pointée du doigt pour ses textes perçus comme anti-féministes, ou avec l’affaire Polanski. Comme le fait remarquer Titiou Lecoq dans un article très complet sur le sujet, publié sur Slate, si la Cancel Culture concerne souvent plus les paroles que les actes, elle opère indistinctement à tous les degrés. Ainsi, on jugera un influenceur avec quelques milliers de followers avec la même sévérité que le patron d’une multinationale aux pratiques douteuses.

Crédit : Madmoizelle / Melody Camburzano

Ici la présomption de culpabilité prône sur celle de l’innocence, un acte ou une parole (et parfois même le simple fait de suivre sur les réseaux quelqu’un dont les opinions sont jugées problématiques) suffit à définir la nature d’une personne – et malheur à qui voudrait la défendre et risquerait d’être « annulé » à son tour. Un Tweet maladroit, une opinion peu fondée, un dérapage spontané, et hop, cancelled ! Un shaming que l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, pointée du doigt pour son soutien à J.K. Rowling, juge contre-productif. « C’est comme si on n’avait pas le droit d’apprendre [de nos erreurs] ni de grandir. » affirme-t-elle au Guardian. Car la Cancel Culture laisse peu de place à la rédemption : un Tweet, ça se retrouve, peu importe qu’il date d’il y a 10 ans et ait été supprimé entre temps.

Pour Loretta J. Ross, universitaire et militante féministe afro-américaine interrogée par le New York Times, la Cancel Culture annule dangereusement toute forme de tolérance envers la maladresse humaine et entrave la possibilité d’un dialogue productif, balayant au passage l’importance de contextualiser les propos et les actions pour mieux les questionner. Elle en a fait l’objet d’un cours dispensé au Smith College, visant à identifier ses caractéristiques, ses limites, mais surtout à la rendre productive.

Car la Cancel Culture offre également des arguments intéressants, en ce qu’elle est devenue un moyen d’expression fort pour dénoncer les discriminations. Comme l’explique un article de Vox cité par Slate, elle offre à ceux qui n’ont pas le pouvoir de se faire entendre la possibilité de s’exprimer et d’affirmer haut et fort ses désaccords avec les systèmes dominants, ouvrant des conversations importantes, comme ça a été le cas avec #Metoo ou Black Lives Matter. Perçue d’un côté comme biais efficace de lancement d’alerte et de l’autre comme chasse aux sorcières politiquement correcte (le fameux), la Cancel Culture s’est aussi imposée comme symbole de désolidarisation d’une génération qui juge la prise de responsabilité plus importante que la liberté d’expression. Le débat est fascinant et n’est pas près de s’achever, d’où la nécessité, selon Loretta J. Ross, de l’utiliser à bon escient : dialogue, contextualisation et responsabilisation plutôt qu’humiliation publique et boycott.

C’est ce qu’on appelle le call in, en opposition au call out : s’ouvrir à l’autre, en privé, pour lui faire remarquer ses maladresses et lui expliquer pourquoi ses actes ou propos sont potentiellement blessants ou erronés, plutôt que de les dénoncer en public. Une main tendue qui permet, au passage, de mieux comprendre l’histoire et l’expérience de ceux dont les opinions divergent des nôtres, ouvrant aussi le champ à une meilleure compréhension des systèmes d’oppression, et donc à leur déconstruction. C’est ce qu’elle a notamment fait en partageant son expérience d’agression sexuelle avec des violeurs condamnés à qui elle a enseigné les théories féministes, ou en ouvrant des conversations autour de l’anti-racisme avec des proches du Ku Klux Klan. Et ça marche. C. T. Vivian, bras droit de Martin Luther King, disait : « Quand on demande aux gens d’abandonner la haine, il faut être là pour les accompagner. » À méditer avant votre prochain Tweet.

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