Alors comme ça, c’est reparti ? On avait beau s’y attendre un peu, beaucoup, cette annonce de reconfinement vient comme un coup de massue sur la tête. La fatigue pandémique n’est pas un mythe et cet enfermement général, épisode 2, vient avec son lot de nouvelles angoisses prêtes à nous ronger patiemment pendant les semaines à venir. Mais commençons par respirer un bon coup. On a le mérite d’avoir déjà vécu la situation, et malgré le lot de difficultés qu’elle a entraîné, à la fois personnelles et collectives et particulièrement pour les plus précaires, on a réussi à en tirer quelques enseignements qu’il s’agit maintenant de renforcer.
Oui, le coup est dur, et c’est vrai qu’avec l’hiver, le manque de luminosité et le froid qui arrive, on serait bien tenté de prendre le contrepied des bonnes résolutions du premier confinement, et de passer celui ci à hiberner sous la couette en regardant des conneries, plutôt que de s’atteler au yoga, à la méditation et à la confection de miches de pain en tout genre. Ne plus s’habiller et attendre que ça passe. Mais ce deuxième round est surtout l’occasion de transformer l’essai. Souvenons nous de ce que le printemps dernier nous a apporté de positif, et nous sortirons peut-être de cette nouvelle période un peu plus apaisé.es que nous le sommes actuellement.
Consommer autrement
Après la première vague de panique de la mi-mars, nous avons tous appris à calmer nos frénésies d’achat impulsives et irréfléchies. On a beau se moquer de Marie Kondo, l’idée de n’acheter que des choses qui nous procurent de la joie n’est franchement pas dénuée de bon sens. Beaucoup ont revu leur rapport à la mode ou à la nourriture, nous avons acheté moins, mieux, plus durable, cuisiner nous a rapproché, et nous avons été plus attentifs aux petits commerces dans le besoin. Alors certes, le déconfinement nous a un peu replongé dans nos vieilles habitudes, mais avons-le, le consumérisme puissance 10 a aujourd’hui un arrière goût d’insensé. Alors c’est plus que jamais le moment de recommencer à faire les choses bien et de porter haut et fort une consommation réfléchie. Moins d’Amazon, plus de local, moins d’impulsif, plus de vrais kiffs.
Se laisser de l’espace
Pour réfléchir, pour respirer, pour ne rien faire. Partir à la dérive, ne serait-ce que 10 minutes, quelle que soit la place dont on dispose. Laisser aller nos pensées. C’est souvent de ces moments de flottement que sont nées les réflexions les plus importantes de ces six derniers mois, celles qui nous ont fait mettre le doigt sur des sentiments décisifs, nous ont fait ouvrir les yeux sur notre état mental ou sur notre mal être professionnel, ont permis aux désirs qu’on avait enfoui loin derrière de refaire surface, non pas en tant que vieux rêves avortés, mais comme de vraies possibilités. On vous l’avait déjà dit, c’est quand on laisse respirer notre cerveau qu’il ouvre, lui-même, les portes fermées.
Resserrer les liens
On l’a constaté pendant le premier confinement : le contact avec les autres est capital pour ne pas devenir chèvre, et être enfermé entraîne un besoin de rapprochement bien réel, aussi virtuel soient les échanges. L’absence de proximité physique a justement créé une autre forme de proximité avec les autres – on a eu le temps d’analyser nos relations, de constater leurs bénéfices, de faire le tri parfois. Pour beaucoup, le confinement a aussi été l’occasion de renouer avec ceux dont ils s’étaient éloignés. On vous voit venir, on ne parle pas de vos exes, plutôt des personnes qui étaient sorties de notre champ de vision par la force des choses, par manque de temps, par flemme ou par oubli. Plus que jamais, ça vaut le coup de réfléchir à la place que certaines personnes méritent d’avoir dans nos vies. Continuons de prendre des nouvelles, même inattendues, on a besoin les uns des autres.
Continuer d’être solidaire
C’est peut-être la plus belle chose que le premier confinement nous a apportée. On n’a jamais autant pris conscience de l’inter-connectivité du monde, notamment via les réseaux sociaux, où se sont tissés des réseaux de solidarité exemplaires, qu’il s’agisse de soutenir les commerçants, d’aider les plus précaires, de confectionner des masques… La crise sanitaire a donné lieu à des scènes de bienveillance comme on en a rarement vu, comme ces ambulanciers venus du fin fond de l’île de France récupérer des masques confectionnés par des particuliers en banlieue parisienne, ou ces associations de quartiers montées en quelques jours pour distribuer des repas aux sans-abris. La solidarité à grande échelle ouvre des pistes très concrètes vers des nouveaux modèles économiques, sociaux et culturels. C’est une force énorme, et c’est pas le moment de la lâcher.
Retrouver les petits plaisirs
La bonne nouvelle, c’est que toutes ces petites choses qui nous ont détendu, nous ont calmé les nerfs, nous ont fait sourire, voire hurler de rire, pendant le premier confinement, sont de nouveau au taquet pour nous accompagner. On pense aux moments chouettes passés en famille, aux promenades solitaires, aux quiproquos en visio où à la vague d’humoristes et de comptes Instagram géniaux qui ont émergé pendant cette période. C’est le moment de se replonger dans les détournements hilarants de Creustel, dans les memes du Confiné Libéré ou dans les imitations du brillant Jordan Firstman, star du confinement outre-Atlantique.
Reprendre un rythme (plus) sain
Passées les beuveries sur Houseparty (qui n’a pas vu sa notion du temps, et de l’heure de l’apéro, dangereusement altérée par le confinement ?), beaucoup ont compris à quel point boire moins, manger moins, mieux, et ralentir globalement son rythme, avait une influence sur leur bien-être. Physique bien sûr, mais surtout mental. Prendre le temps de cuisiner, voir évoluer son levain (on a beau en rire, on a adoré ça hein), manger moins de viande, faire pousser des herbes, méditer, se coucher tôt, voire très tôt, marcher dix minutes au lever du jour… Ces nouvelles habitudes ne sont pas juste des lubies de bobos qui font doucement sourire, elles nous ont permis d’accorder notre rythme avec celui de la Terre, tout simplement. Celle-là même qu’on aimerait bien tenter de sauver dans les années à venir. Et à qui la pandémie a offert l’occasion inespérée de respirer un peu, justement. Alors reprenons ces habitudes. Avec l’hiver, elles interviendront autrement, évolueront sans doute aussi, mais elles nous permettront d’accorder notre corps à notre esprit. Ce n’est pas qu’un simple mantra galvaudé, mais surtout une recette infaillible pour, tout simplement, se sentir bien.
Et, encore une fois, soyons indulgents. Avec nous-mêmes, et avec les autres. Les temps sont durs, prenons les choses une par une, un jour à la fois, et laissons-nous respirer. L’idée est de conforter les acquis qui nous ont fait du bien, pas juste comme un défi personnel, mais surtout parce que c’est sain, et qu’on a besoin de cette bienveillance, personnelle et collective. Bon courage à tous !