On sait, on sait ; cette histoire de COVID-19 dure un peu trop longtemps et complique beaucoup de choses. Mais puisqu’il faut encore vivre avec, regardons les choses du bon côté ! A commencer par ce terrible masque qu’on n’a désormais plus le droit de quitter dans les grandes villes et qui nous protège en nous barrant la moitié du visage. Comment exprimer sa gratitude au commerçant qui vous tend vos courses ? Comment saluer le voisin qui vous tient aimablement la porte ? Comment faire comprendre à la petite dame que vous lui cédez la place dans le bus ? Et surtout comment draguouiller COVID-friendly ? Apprenez à maîtriser le wink, le smize, le squinch et autres battements de cils pour tout dire en un clin d’œil !
Grâce au masque, les Occidentaux découvrent enfin des conceptions très orientales du rapport à l’autre. Le port de celui-ci suggère un sens du collectif à l’asiatique dont on n’avait jusqu’à présent pas l’habitude en Europe et, à l’instar des femmes voilées (qui ont beaucoup d’avance sur le sujet), nous découvrons que la communication passe aussi et surtout par le regard. Les plus de la vie masquée : nul besoin de sourire quand on n’en a pas envie, on peut bailler sans mettre la main devant, voire grimacer discrètement par en dessous. Les moins : vous devez parler plus fort et répétez souvent, on ne reconnaît pas les gens, ça tient chaud et ça paraît un évident obstacle au flirt. Sauf qu’en fait, le masque se révèle un formidable moyen de communiquer autrement et d’explorer une séduction différente, plus subtile.
C’est là qu’entre en scène un nouveau langage, basé sur des micro-expressions. Ces légers changements d’attitudes du visage qui interviennent spontanément selon nos émotions, habituellement presque imperceptibles, s’imposent désormais comme premiers moyens de communication non verbale. Plutôt que de sourire pour établir les premiers contacts ou pour remercier quelqu’un qui vous laisse passer, il s’agit maintenant de faire travailler le regard, les mouvements de sourcils, de front, et le langage corporel. A moins d’afficher un sourire permanent comme avec ces traumatisants masques pour la reconnaissance faciale, nous allons devoir apprendre à parler avec les yeux. Il s’agit d’être ultra expressif, à la limite du caricatural : on ouvre les mirettes plus grandes pour montrer qu’on est sympa, on fronce les sourcils plus forts pour exprimer son désaccord, on plisse à mort pour confirmer qu’en dessous on est sourit… Et surtout, on dégage le regard (impossible de vous « lire » si votre frange est trop longue, avec des lunettes de soleil ou sous une casquette).
Alors oui, ça fait un peu bidon de sur-jouer ainsi ses émotions. Sur TikTok, le challenge fake smile est un gros succès où les Zoomers se régalent à travailler leur resting bitch face sous le tissu, contredisant un regard ultra jovial. Et posent aussi une vraie question : puisque le port du masque est amené à durer, saura-t-on sourire comme avant quand tout ce barnum sanitaire sera fini ou resterons-nous coincés dans une amabilité de surface, comme pour la vidéo ci-dessous ?
@pockybalboba It’s called adapting #fyp #foryoupage #coronavirus #covid19
En attendant, quelques amies trouvent étrangement le port du masque d’un romanesque fou : non seulement elles se prennent au jeu (quelque fois décevant, toujours drôle) de deviner le bas du visage des garçons, mais elles perçoivent aussi des regards plus appuyés, des coup d’œil furtifs lourds de sens, qui relèvent parfois du pur fantasme ou d’un strabisme mal interprété. Mais oui : on peut draguer masqué.e.s et c’est une excellente nouvelle.
Pour ne plus passer à côté d’occaz’ en or et qui sait de l’homme ou femme de votre vie, le plus simple est de bien gérer le smize. Contraction de smile et de eyes, ce « geste technique » a été popularisé par la top model américaine Tyra Banks qui en a fait son signature look. Comme son nom l’indique, il s’agit donc de retranscrire un sourire dans son regard – et c’est pas si facile à faire, même en suivant un tuto. Certains appellent ça le squinch et le résume à un plissé d’œil léger, mais rendons à Tyra ce qui lui appartient – car elle maîtrise les yeux revolver comme personne.
Sur une base relaxée mais droite (vous), faites le focus sur un point (votre target), pensez à quelque chose de délicieux, regardez légèrement par en dessous en plissant la paupière inférieure et fixez intensément. Tyra précise « la bouche est morte, les yeux sont forts » donc ne vous fatiguez même pas à sourire sous le tissu. Entraînez-vous donc devant votre miroir avant de lâcher cette œillade langoureuse en plein air ; ce serait dommage de se mettre à loucher par manque de pratique.
Pour celles et ceux qui préfèrent ne pas s’encombrer d’autant d’intensité et simplement envoyer un signal espiègle mais clair, dégainez votre plus beau wink, à savoir un bon vieux clin d’œil (attention, c’est comme les claquements de doigts, ça demande une certaine dextérité pour être parfaitement exécuté). Simple, basique. Charmant !