Ça y est, on a un nom pour ce sentiment étrange d’inadéquation au monde « normal », celui-là même que nous rêvions de retrouver il y a peu et qui finalement, pour certain.e.s en tout cas, nous tétanise. Ça s’appelle the cave syndrome, le syndrome de la grotte, d’après Arthur Bergman, psychiatre américain cité par The New Yorker. Et dans la foulée, la réouverture est affublée d’un nouveau surnom, la reëntry – avec tréma.
Le confinement et ses restrictions ont impacté nos caboches masquées, donnant de l’anxiété sociale même à ceux qui n’en avaient pas et faisant de simples questions (Ai-je mon masque ? Dois-je aller à cette fête ?) des questions existentielles (Qui sont ces gens ? Est-ce que je sais encore communiquer ?). Sans déc’, la moitié des Américains en sont affectés.
Le syndrome de la grotte s’apparente aussi à une sorte de syndrome de Stockholm : on tombe amoureux de son kidnappeur. Nous aimons désormais chiller tranquilles à la maison plutôt que de dépenser 16 € pour un vilain mojito en terrasse à dire du mal des gens. Oui parce qu’en plus, ce mal de l’époque peut aussi exacerber la conscience de soi, de sa voix de crécelle aux bad vibes qu’on dégage en ragotant.
Ça paraît anodin comme ça, mais attention, cette double isolation est un vrai trouble qui peut mener à la dépression. Et sinon vous, ça va ?