2020, année numérique ? Si la pandémie mondiale a confirmé l’omnipotence des GAFA, elle a également accru la méfiance des états et des usagers à l’égard de ces entreprises aux pratiques parfois douteuses. Heureusement, la tech a aussi un visage vertueux selon le New York Times, qui distribue ses prix de l’année à des entreprises “humaines” et “altruistes” ayant un “impact social positif”.
Let’s talk about tech.
- La tech mène sa révolution verte, éthique et inclusive : l’expression Tech for good (soit la technologie au service du bien commun) est au programme de tous les salons dédiés. Bon, y’a du boulot car seul 20% des salariés du secteur sont des femmes et les inégalités sont considérables…
- De nouveaux termes ont donc éclos dans le langage startup :
- Clean tech, pour les solutions durables peu gourmandes en énergie.
- Green IT (ou informatique durable) : pour concevoir des ordis, smartphones et sites web plus propres car cette industrie pollue un max : 5,6 % des émissions de CO2 (contre 2 à 3 % pour l’aviation).
- Low tech (l’anti High tech): pour une tech simple, pas chère, faite-main, avec des matériaux recyclés.
- Cette Good Tech est même dans l’agenda politique du président Macron, qui appelle ses acteurs à jouer le rôle d’“éclaireurs” pour l’ensemble de la société et non à prospérer à ses dépens. Plutôt poissons-pilotes que requins, donc. Démonstration :
Les prix de la Good Tech 2020 aux US sont attribués à…
- Catégorie Lutte contre le virus : dès mars 2020, des pros de la data menés par Raylene Yung, ont mis bénévolement leur expertise au service de la lutte anti-Covid. Cela a donné le U.S. Digital Response, un réseau qui a permis de lister les lits et respirateurs disponibles en Pennsylvanie ou de monter un centre de tests à Seattle. Une sorte de TousAntiCovid avec un gros supplément d’âme.
- Catégorie Pompiers 2.0 : Perimeter, une app de mapping lancée pendant les terribles incendies de la West Coast par Bailey Farren, 24 ans et fille d’un pompier, qui a permis de mieux cartographier les zones ravagées par les flammes. Dans le même registre, Technosylva fait dans la prospective incendiaire en prévoyant où un foyer pourrait se déclencher et Ignis provoque de micro-incendies préventifs afin d’en éviter de plus gros. Complètement feu.
- Catégorie Nourritures solidaires : alors que les hôpitaux étaient saturés, un groupe de San Francisco a mis la tech au service de l’alimentation des soignants, Frontline Foods. Ils ont fait des émules en France, tel Ecotable, communauté de restaurateur.trice.s qui a alimenté les hostos en galère d’Ile-de-France. Ils lancent une plateforme de livraison éthique à Paris.
- Catégorie Lutte anti-raciste : après l’assassinat de George Floyd en mai dernier, de nombreuses boîtes de la tech ont dénoncé les inégalités raciales sans forcément mettre en accord leurs mots et leurs actes. D’autres, ouvertement activistes, mettent la data au service de Black Lives Matter, comme Our Data Bodies et Data for Black Lives (fondée par Yeshimabeit Milner). Force et honneur.
La bonne nouvelle de 2020, c’est que, d’après le journaliste Kevin Roose, les drames provoqués par le Covid ont été l’occasion d’une explosion de la Good Tech et on s’en réjouit. On croise aussi les doigts pour que les requins du milieu n’aillent pas bouffer tous ces jolis poissons-pilotes…