Imaginez que vous achetiez le titre de propriété d’un tableau, sans jamais pouvoir l’accrocher chez vous car il n’existe que sur écran. C’est le dernier délire du marché de l’art avec les NFT, acronyme de « non-fungible tokens » en anglais (« jetons non fongibles » en français). En gros, ça consiste à payer très cher (souvent en crypto monnaie) un certificat d’authenticité – un NFT – stipulant que vous êtes bien le propriétaire exclusif d’une image pourtant reproduite des millions de fois sur le net. C’est tellement absurde que nous aussi, ça nous fait un Error 404 dans la tête…
C’est le cas du Nyan Cat, ce gif de chat psychédélique propulsé par un arc-en-ciel qui s’est vendu 600.000 $ aux crypto-enchères sur la blockchain (kamoulox), de baskets qui n’existent pas (621 paires fantôme vendues 3 millions de $) ou de la célèbre photo de la « Disaster girl », cette fillette au regard maléfique face à une maison qui brûle, vendue en NFT par sa souriante protagoniste afin de payer ses études (car elle a grandi). Sentant le filon, pas mal de stars s’y mettent aussi.
Dans une époque numérique où tout est reproductible à l’infini, les NFT sont le signe de « l’obsession du monde de l’art pour l’authenticité certifiée, détachée de toute considération esthétique » selon le NYT. Un grand délire mercantile qui culmine dans cet étrange paradoxe : les acheteurs n’acquièrent ni les droits d’auteur, ni la marque, ni même la propriété exclusive de ce qu’ils achètent mais juste une signature, un simple “droit de se vanter”. Bref, du vent.