On le sait, en cette période de troubles on a plutôt tendance à vouloir s’effondrer sous les couvertures devant une série débile, le genre qui ne demandera pas trop d’efforts à nos neurones déjà bien occupés. Loin de nous l’envie de vous taper sur la tête, mais on le sait tous, les écrans ne sont pas tops pour faciliter le sommeil. À l’heure du stay at home, mieux vaut se tourner vers la lecture, une pratique qui déstresse, qui favorise l’endormissement et qui a le mérite de nous faire voyager un peu plus loin que derrière nos écrans. Et si la pile de bouquins qui prend la poussière sur votre table de chevet ne vous fait pas envie, pas de panique : on a 3 super lectures à vous conseiller. Attention, page-turners.
Crédit JC Lattès
Trois femmes de Lisa Taddeo, Éditions JC Lattès
L’une est femme au foyer, mariée et mère de deux enfants, et se perd dans une aventure consommée à l’arrache avec un amour d’adolescence. La seconde, étudiante, tente de se remettre d’une relation toxique avec son ancien professeur du lycée. La troisième, restauratrice à priori épanouie dans une union libre, est prise au piège des mécanismes du pouvoir sexuel et amoureux. Le pitch vous semble un brin cliché ? Allez-y les yeux fermés. Ces récits croisés sont le fruit d’un reportage de huit ans mené par l’écrivaine américaine Lisa Taddeo, contributrice du New York Magazine et d’Esquire, durant lesquels elle a suivi le quotidien de ces trois femmes. En résulte un livre dont on peine à sortir, qui explore les travers du désir féminin avec une rare justesse et une sincérité qui fait un bien fou.
Crédit Seuil
Les enfants de coeur de Heather O’Neill, Éditions du Seuil
Rose et Pierrot se rencontrent dans un orphelinat. Elle danse et mime si bien qu’elle illumine les visages des enfants les plus tristes, lui est doué d’un don extraordinaire pour le piano. Ensemble, ils rêvent de monter le plus grand cirque du monde… jusqu’à ce que leur route se sépare. Dans le Montréal pauvre et décrépit des années 1910, Rose et Pierrot vivent la pauvreté, le crime et le danger, armés d’une invincible candeur qui, au détour d’une pomme en diamants ou d’un manteau de fourrure, transforme la misère en poésie et fait de l’innocence un redoutable instrument de survie. Encore (trop) méconnue en France, l’écrivaine canadienne Heather O’Neill manie comme personne le réalisme magique, avec force détails et allégories. On encourage bien sûr la lecture en traduction, mais pour le coup, si vous lisez en Anglais, ne vous privez pas de la beauté du texte original.
Crédit Albin Michel
Nickel Boys de Colson Whitehead, Éditions Albin Michel
À la Nickel Academy, on transforme les jeunes garçons turbulents en « hommes honnêtes et honorables ». C’est du moins ce qu’on veut faire croire au jeune Elwood Curtis, lorsqu’on l’envoie purger la peine d’une erreur judiciaire dans cette maison de correction de Floride. Ce qu’il y découvre fait écho à un fait divers bien réel et non moins cauchemardesque, révélé aux États-Unis après la fermeture, en 2011, du lieu qui a inspiré le roman. Colson Whitehead rend la parole à des dizaines d’étudiants victimes d’injustice et de racisme, avec un mélange de franchise et de sensibilité qui font presque mal. Découvert il y a 20 ans avec L’intuitionniste, il est l’un des rares écrivains américains à avoir été deux fois couronné du Prix Pulitzer. À ranger dans la case « valeurs sûres » donc, bien au chaud avec Faulkner et Mailer.