Chaque année, le magazine américain Fast Company partage sa liste des personnalités les plus créatives du monde du business… Dans sa dernière édition, les femmes sont particulièrement à l’honneur, à commencer par Joy Buolamwini, une chercheuse qui n’a pas hésité à s’opposer à Amazon, IBM et Microsoft : elle fait carrément la couverture du numéro.
Aujourd’hui, on vous présente quelques-unes de ces nouveaux “role models” engagées et inspirantes, à des années lumière de la “Girlboss” dont on vous annonçait la fin il y a quelques semaines.
Joy Buolamwini, la militante de la tech
Chercheuse américano-ghanéenne rattachée au MIT, Joy Buolamwini est la créatrice de l’association Algorithmic Justice League, qui se bat pour que les acteurs de la tech développent des intelligences artificielles plus justes – ou, à minima, non-discriminatoires. Pour cela, elle sensibilise le grand public dans des documentaires et des vidéos Youtube et mène un intense travail de lobbying pour que les Etats se penchent (enfin) sur la question des algorithmes, afin de mieux contrôler leurs usages actuels et à venir. Son but : éviter à tout prix que des décisions prises par des robots ne s’imposent à nous, dans chaque aspect de notre vie quotidienne, sans la prise de recul nécessaire.
Son fait d’armes cette année est d’avoir fait reculer Amazon, IBM et Microsoft sur le sujet de la reconnaissance faciale : pendant les manifestations suscitées par l’assassinat de George Floyd aux Etats-Unis, elle a pointé publiquement du doigt ces trois géants, en montrant comment leurs technologies étaient utilisées par la police dans le cadre du maintien de l’ordre… posant d’inévitables questions sur le respect des libertés fondamentales. Tous trois ont finalement renoncé à leurs contrats avec la police.
Son combat n’est pas nouveau : dès 2016, son Ted Talk (1,3 millions de vues) abordait déjà le sujet. En 2018, son étude intitulée “Gender Shades” sur les outils de reconnaissance faciale d’IBM et Microsoft mettait en évidence les nombreuses failles de ces technologies au détriment des femmes et des minorités. Sans le savoir, Joy Buolamwini venait d’inventer un tout nouveau champ de recherche : l’étude des algorithmes et de leurs biais.
Parris Goebel, la botte secrète de Rihanna
Chorégraphe, danseuse et réalisatrice jusqu’ici discrète, Parris Goebel sort petit à petit de l’ombre, à la faveur de réalisations de plus en plus spectaculaires. On lui doit notamment le défilé de lingerie Savage x Fenty à l’automne 2019 ou encore le show de Jennifer Lopez au dernier Super Bowl… mais aussi des clips de Ariana Grande et Justin Bieber.
Elle s’apprête à sortir un film – une adaptation de son spectacle “Murder on the Dance Floor” et ne rate jamais une occasion de mettre en avant les danseurs, trop souvent oubliés derrière les super-stars qu’ils accompagnent dans les clips.
Camilla Marcus, la cheffe zero-waste
Quand elle a ouvert son restaurant végétarien à Soho à New York, Camilla Marcus ne s’est pas contentée de quelques recettes “green” et de vaisselle éco-responsable… elle a conçu l’ensemble de son restaurant autour du concept du “zero-waste”, tout en défendant une approche sociale au service du bien-être de ses salariés.
Chaque mois, elle apporte plus de 600 kilos de déchets organiques à une ferme de l’Etat de New York, afin qu’ils soient transformés en compost – plutôt que d’être incinérés. C’est ainsi – entre autre – que West~bourne est devenu le premier restaurant new-yorkais à obtenir la certification TRUE (pour “Total Resource Use and Efficiency”) Zero Waste.
Et aussi…
Kourtney Morgan, designer chez Patagonia.
Kourtney Morgan, designer chez Patagonia. Elle y a lancé la ligne Recrafted, dont le principe est de créer de nouvelles pièces à partir de chutes de tissus issues de vêtements usés, qui n’auraient pas pu être recyclés ou vendus en seconde main. Une nouvelle corde à l’arc circulaire de Patagonia, et des pièces collector, s’il vous plaît !
Corinna Gardner, la conservatrice design et digital du Victoria & Albert Museum de Londres. Son crédo : actualiser les collections du musée en y intégrant des objets marqueurs de notre époque, qu’il s’agisse d’une peluche IKEA devenu symbole des manifestations à Hong Kong, d’un pistolet imprimé en 3D ou de la charte graphique du groupe d’activistes Extinction Rebellion.
Georgia Hardstark et Karen Kilgariff, animatrices du podcast de true crime “My Favorite Murder”, qui compte 30 millions d’auditeurs mensuels et un New York Times best seller (habilement intitulé Stay Sexy and Don’t Get Murdered). À tel point que le duo a développé sa propre plateforme de podcasts, qui compte déjà neuf programmes différents.
Inna Braverman, fondatrice et dirigeante de Eco Wave Power, première et seule entreprise au monde à exploiter un réseau connecté d’énergie houlomotrice, c’est à dire créée à partir du mouvement des vagues. Une petite prouesse à laquelle on ne croyait plus, et dont elle fut récompensée l’an dernier par le United Nations Global Climate Action Award.
Li Xiang, architecte chinoise qui conçoit des librairies loufoques dignes d’un autre monde, convaincue que « l’expérience réelle, basée sur notre organe sensoriel plutôt que sur la technologie digitale, est une poursuite éternelle de l’être humain. » Pari gagné : l’espace conçu l’an dernier pour le libraire chinois Zhongshuge a attiré 200 000 curieux en deux semaines.
Amanda de Cadenet, photographe britannique à l’origine du hashtag #girlgaze, qui défend la représentation des femmes par les personnes s’identifiant comme telles. Le mouvement est devenu un réseau de plus de 200 000 personnes, qui met en relation les femmes et personnes non-binaires travaillant dans les industries créatives avec des grandes entreprises en demande de prestataires.
L’Américaine Meriah Garrett, Chief Design Officer de la United Services Automobile Association, qui oeuvre pour que chaque membre ou vétéran des forces armées américaines puisse jouir de services financiers simplifiés et adaptés à d’éventuels stress post-traumatiques, tel que l’accès à l’assurance habitation. Et a déjà réduit les défauts d’accessibilité de l’entreprise de 45%.
La biochimiste Celeste Holz-Schietinger supervise l’innovation produit et la recherche de saveurs au sein d’Impossible Food, l’entreprise derrière les fameux substituts végétaux de steak hachés qui font fureur aux USA. Le but : pallier la consommation de viande tout en améliorant ses propriétés. Sa dernière création en date est un substitut de saucisse de porc, qui a déjà séduit plus de 20 000 entreprises.
